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AI Voice AudioBook: Mémoires d'Outre-Tombe, Tome 4 by vicomte de François-René Chateaubriand

AudioBook: Mémoires d'Outre-Tombe, Tome 4 by vicomte de François-René Chateaubriand

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MÉMOIRES

LIVRE V

Les Cent-Jours à Paris. Effet du passage de la légitimité en France. -- Étonnement de Bonaparte. -- Il est obligé de capituler avec les idées qu'il avait crues étouffées. -- Son nouveau système. -- Trois énormes joueurs restés. -- Chimères des libéraux. -- Clubs et fédérés. -- Escamotage de la République: l'Acte additionnel. -- Chambre des représentants convoquée. -- Inutile Champ de Mai. -- Soucis et amertumes de Bonaparte. -- Résolution à Vienne. -- Mouvement à Paris. -- Ce que nous faisions à Gand. -- M. de Blacas. -- Bataille de Waterloo. -- Confusion à Gand. -- Quelle fut la bataille de Waterloo. -- Retour de l'Empereur. -- Réapparition de La Fayette. -- Nouvelle abdication de Bonaparte. -- Scènes orageuses à la Chambre des Pairs. -- Présages menaçants pour la seconde Restauration. -- Départ de Gand. -- Arrivée à Mons. -- Je manque ma première occasion de fortune dans ma carrière politique. -- M. de Talleyrand à Mons. Scène avec le roi. -- Je m'intéresse bêtement à M. de Talleyrand. -- De Mons à Gonesse. -- Je m'oppose avec M. le comte Beugnot à la nomination de Fouché comme ministre: mes raisons. -- Le duc de Wellington l'emporte. -- Arnouville. -- Saint-Denis. -- Dernière conversation avec le roi.

Je vous fais voir l'envers des événements que l'histoire ne montre pas; l'histoire n'étale que l'endroit. Les Mémoires ont l'avantage de présenter l'un et l'autre côté du tissu: sous ce rapport, ils peignent mieux l'humanité complète en exposant, comme les tragédies de Shakespeare, les scènes basses et hautes. Il y a partout une chaumière auprès d'un palais, un homme qui pleure auprès d'un homme qui rit, un chiffonnier qui porte sa hotte auprès d'un roi qui perd son trône: que faisait à l'esclave présent à la bataille d'Arbelles la chute de Darius?

Gand n'était donc qu'un vestiaire derrière les coulisses du spectacle ouvert à Paris. Des personnages renommés restaient encore en Europe. J'avais en 1800 commencé ma carrière avec Alexandre et Napoléon; pourquoi n'avais-je pas suivi ces premiers acteurs, mes contemporains, sur le grand théâtre? Pourquoi seul à Gand? Parce que le ciel vous jette où il veut. Des petits Cent-Jours à Gand, passons aux grands Cent-Jours à Paris.

Je vous ai dit les raisons qui auraient dû arrêter Bonaparte à l'île d'Elbe, et les raisons primantes ou plutôt la nécessité tirée de sa nature qui le contraignirent de sortir de l'exil. Mais la marche de Cannes à Paris épuisa ce qui lui restait du vieil homme. À Paris le talisman fut brisé.

Le peu d'instants que la légalité avait reparu avait suffi pour rendre impossible le rétablissement de l'arbitraire. Le despotisme muselle les masses, et affranchit les individus dans une certaine mesure. Le gouvernement légal, au contraire, donne de l'air à l'esprit, mais retient l'individu sous le poids de la loi. Quand le roi était parti, la France s'était crue déliée de tout frein. Le passage de la légitimité à l'usurpation avait été si rapide, que l'ordre n'avait pas eu le temps de se rétablir sous la nouvelle autorité, et que la France conservait l'habitude de se conduire comme si elle était encore sous l'ancienne. Le sol de France, remué, faisait germer tout ce qui avait été semé par la Révolution.

Bonaparte, arrivé, fut frappé de cette liberté inattendue. Il avait cru retrouver les hommes de la foule qui l'avaient acclamé en 1799, mais il trouva les hommes de 1814. Il s'était attendu à des saluts, il reçut des remontrances. Les généraux qui l'avaient déserté se rallièrent, non par amour pour lui, mais par haine du Bourbons. Les vieux sans-culottes qui battaient le rappel des drapeaux voulaient la République, pas l'Empereur. L'Empereur ne se doutait de rien; il croyait avoir à faire à un peuple qui avait oublié la liberté. Il avait laissé la France en 1814 comme un champ qu'on abandonne, et revenait pour y trouver l'herbe sauvage de l'indépendance.

Il voulut jouer son rôle de monarque absolu, mais il se heurta à une résistance qu'il n'avait pas prévue. Les libéraux, ces créatures de son génie qu'il avait si cruellement réprimés, se trouvaient en nombre dans les Chambres et dans l'armée. Ils étaient des acteurs qui ne connaissaient que le rôle de la liberté.

Bonaparte, voyant qu'il ne pouvait revenir à son ancienne tyrannie, résolut de faire une volte-face. Il se jura de devenir le chef du parti libéral. Il voulait se vêtir de la toge civique, après avoir usé de la pourpre. Mais ce changement de costume ne trompa personne. Les idées qui avaient triomphé en son absence ne pouvaient être étouffées par une simple concession. La France avait goûté à la paix légale, et ne voulait plus de la gloire sanglante.

Trois joueurs restaient en lice: le Roi, Bonaparte et la République. Le Roi était en Belgique. Bonaparte, revenant, voulait jouer contre la République et le Roi. Il joua d'abord contre le Roi, puis contre la République. Les libéraux, qui avaient été les plus grands ennemis du Roi, se montrèrent les plus âpres adversaires de Bonaparte, car ils voyaient dans le rétablissement de l'Empire une triple trahison: trahison envers la patrie, par une guerre inévitable; trahison envers eux-mêmes, par le sacrifice de leurs principes.

Bonaparte s'appuya alors sur les clubs et les fédérés, qui représentaient la lie de la Révolution. Ces hommes, exaltés par l'espoir du retour de la Terreur, poussaient l'Empereur à toute sorte d'excès. Mais l'Empereur, qui avait connu le prix du sang, hésitait à se jeter complètement dans le gouffre populaire. Il avait gardé quelque chose de la prudence de ses campagnes.

L'Acte additionnel fut l'absurde tentative de concilier le despotisme avec la démocratie. C'était une constitution faite pour une nation de rêve, destinée à satisfaire des révolutionnaires qui ne voulaient rien de moins que l'égalité absolue, et un Empereur qui voulait tout commander. Cet acte, qui donnait des garanties illusoires, ne fit que confirmer les méfiances.

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