Listen to the AudioBook: Notre-Dame de Paris by Victor Hugo

NOTRE-DAME DE PARIS--1482

LIVRE PREMIER.

I LA GRAND'SALLE.

Mille quatre cent quatre-vingt-deux, le vingt-neuf janvier, vint à se terminer par une de ces journées d'hiver où le soleil, après avoir lutté vainement contre les brumes matinales, finit par disparaître tout à fait avant la nuit.

Ce jour-là, la cour du Palais de Justice était encombrée de monde. C'était la veille de la fête de l'Épiphanie, et, chose rare et curieuse, le Parlement, pour la première fois depuis longtemps, devait siéger.

Le peuple s'était massé, comme il en avait coutume, dans la grande salle du Palais, cette vaste halle qui rappelle les basiliques romaines par son immensité et ses proportions. Elle était pleine de bruit et de tumulte. Les lumières des torches et des chandelles jetaient des reflets jaunes et tremblotants sur les arcs aigus, sur les voûtes bombées, sur les statues des rois sculptées dans les piliers.

Tout était obscur et bigarré. Les ombres mouvantes jouaient avec les formes de la foule, rendant à chaque instant le spectacle nouveau et étrange. Les gens de tous états et de toutes conditions se mêlaient dans ce lieu qui était, en quelque sorte, le carrefour de Paris.

Les avocats en robe noire, les clercs aux cervelles vides, les archers d'escorte, les gens du peuple, les marchands, les mendiants, tous circulaient dans une agitation incessante.

Au milieu de ce brouhaha, un cri perça soudain, et un silence se fit autour de l'estrade où siégeait le Parlement.

II GRINGOIRE.

C'était un homme étrange qui venait de faire irruption dans la salle. Il était vêtu d'une manière grotesque, avec des habits de couleurs criardes et mal assorties. C'était Pierre Gringoire, poète et dramaturge, dont la fortune était aussi variable que son humeur.

Gringoire, pressé par la faim, avait tenté de vendre quelques-uns de ses vers à un riche marchand. La tentative avait mal tourné, et il s'était retrouvé chassé de l'étal, courant à travers la foule, cherchant un refuge.

Il avait l'air hagard, les yeux égarés, et son pourpoint déchiré montrait sa chemise sale. Il se précipita vers un groupe de personnes qui se tenaient près d'un pilier, espérant s'y fondre.

Mais sa démarche maladroite le fit trébucher. Il tomba lourdement sur l'un des bancs, et une huée s'éleva de la foule.

« Le voilà, le fameux Gringoire ! » cria quelqu'un. « Le poète de la rue ! »

Gringoire se redressa, embarrassé, cherchant un moyen de se tirer d'affaire. Il aperçut un spectacle qui allait bientôt absorber toute son attention : une procession s'avançait vers la Grand'Salle.

III MONSIEUR LE CARDINAL.

La procession était celle de Monsieur le Cardinal de Bourbon, archevêque de Sens et évêque de Paris, venu assister à la séance du Parlement.

Le Cardinal était un homme d'une grande beauté, vêtu de riches habits ecclésiastiques. Il avançait avec une majesté solennelle, entouré de son clergé et de ses gardes.

La foule s'écarta pour lui laisser passage, et un silence révérencieux s'établit dans la salle.

Gringoire, oubliant sa chute, regarda le Cardinal avec une admiration mélangée d'envie. Il aurait voulu être aussi respecté, aussi admiré.

Le cortège atteignit l'estrade, et le Cardinal prit place. Le Parlement était prêt à commencer ses délibérations.

IV MAÎTRE JACQUES COPPENOLE.

Au milieu de cette assemblée, se tenait un homme qui attirait tous les regards par son allure rustre et son costume étrange. C'était Maître Jacques Coppenole, un drapier flamand, connu pour son audace et son orgueil.

Il portait une riche gibecière de cuir et une chaîne d'or au cou. Sa tête était couverte d'un chapeau de feutre orné de petites pièces d'argent. Il se tenait droit, le menton levé, observant tout avec une air de supériorité.

Coppenole était un personnage important à Paris, grâce à sa richesse et à son influence sur les corporations de métiers. Il était venu assister à la séance, et il semblait mépriser l'autorité ecclésiastique et judiciaire.

V QUASIMODO.

Alors que le Cardinal commençait à parler, une agitation se produisit du côté de l'une des portes. C'était Quasimodo, le sonneur de Notre-Dame, qui s'efforçait de se frayer un passage à travers la foule.

Quasimodo était une créature hideuse, difforme, bossue, avec un œil presque entièrement fermé. Sa tête était grosse et couverte de poils roux, son visage était plein de pustules. Il avançait péniblement, poussant les gens avec ses coudes, son regard fixe et inquiet.

La foule recula devant lui avec horreur. On murmura son nom avec effroi. Il était l'incarnation de la laideur physique.

Il se dirigeait vers le Cardinal, tenant une petite corde à la main. Il s'arrêta devant l'estrade, s'agenouilla maladroitement et tendit la corde au Cardinal.

« C'est pour la Fête des Fous, Monseigneur, » grogna Quasimodo d'une voix rauque. « La corde pour la roue du char. »

Le Cardinal, sans ciller, accepta la corde, lui adressant un signe de tête à peine perceptible. Quasimodo se retira, luttant à nouveau contre la foule.

VI LA ESMERALDA.

Ce spectacle étrange fut interrompu par l'apparition la plus inattendue. Une jeune fille, d'une beauté extraordinaire, entra dans la salle, suivie par une petite chèvre blanche.

C'était Esmeralda, la danseuse bohémienne. Elle portait une robe légère et colorée, et ses longs cheveux noirs tombaient en cascade sur ses épaules. Ses yeux brillants et son sourire engageant captivèrent tous les regards.

Elle avançait avec une grâce féline, dansant légèrement au milieu des gens, sa chèvre, Djali, la suivant docilement. Elle tenait dans ses mains une petite flûte, qu'elle portait à ses lèvres.

Le bruit cessa. Le Cardinal, Coppenole, Quasimodo, tout le monde fut saisi par sa présence. C'était comme si un rayon de soleil avait pénétré dans la salle sombre.

Elle s'arrêta au milieu de l'espace, devant le Cardinal, et commença à danser, ses pieds légers dessinant des arabesques sur le pavé froid. Sa musique était entraînante, et la foule, oubliant toute bienséance, commença à taper des mains et à applaudir.

Le Cardinal, visiblement charmé, fit un geste à ses gardes, leur ordonnant de la laisser faire.

You can download, read online, find more details of this full eBook Notre-Dame de Paris by Victor Hugo from

And convert it to the AudioBook with any voice you like in our AI Voice AudioBook app.