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AI Voice AudioBook: Les misérables Tome II: Cosette by Victor Hugo

AudioBook: Les misérables Tome II: Cosette by Victor Hugo

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Livre premier--Waterloo

Chapitre I

Ce qu'on rencontre en venant de Nivelles

L'an dernier (1861), par une belle matinée de mai, un passant, celui qui raconte cette histoire, arrivait de Nivelles et se dirigeait vers La Hulpe. Il allait à pied. Il suivait, entre deux rangées d'arbres, une large chaussée pavée ondulant sur des collines qui viennent l'une après l'autre, soulèvent la route et la laissent retomber, et font là comme des vagues énormes. Il avait dépassé Lillois et Bois-Seigneur-Isaac. Il apercevait, à l'ouest, le clocher d'ardoise de Braine-l'Alleud qui a la forme d'un vase renversé. Il venait de laisser derrière lui un bois sur une hauteur, et, à l'angle d'un chemin de traverse, à côté d'une espèce de potence vermoulue portée par un poteau, il vit un tableau noir, placardé et couvert de lettres blanches et jaunes.

C'était une de ces affiches dont on voit tant sur les murs des villes et des campagnes.

Ce passant, peu curieux des choses de la guerre, ne s'arrêta pas. Il continuait son chemin. Mais, un peu plus loin, une forme humaine l'arrêta. C'était un homme qui se tenait devant l'affiche, et qui semblait la scruter avec une sorte de rêverie involontaire.

L'homme était âgé, maigre, vêtu d'une redingote bleu sombre, sale et usée jusqu'à la décoloration, d'un pantalon gris, et d'un chapeau haut de forme très écrasé, presque un bonnet de police de la plus pauvre manufacture. Il tenait à la main une canne sans pointe et avait sur le dos un paquet à moitié démantibulé. Il regardait l'affiche.

Le passant, qui avait une vague idée de ce qui avait eu lieu là, s'approcha. Il reconnut dans cet homme un de ces anciens soldats napoléoniens, de ceux qui ont connu les grandes guerres, et qui, leur service fini, rentrent dans la vie civile et finissent par se fondre dans la misère.

L'homme resta un moment immobile, la tête inclinée. Enfin, il haussa légèrement les épaules, comme pour s'enlever un fardeau invisible, et continua son chemin, se mettant à marcher dans la même direction que le passant.

Les deux hommes marchèrent quelques instants en silence, séparés par quelques pas.

Le passant, pris d'une curiosité qu'il ne pouvait réprimer, finit par lui adresser la parole.

« C'est un endroit triste, n'est-ce pas ? » dit-il en désignant de la tête l'affiche.

L'ancien soldat se retourna lentement. Son visage était buriné, mais ses yeux étaient d'une limpidité étonnante.

« C'est un endroit où il est arrivé quelque chose, monsieur, » répondit l'homme d'une voix rauque. « Quelque chose de grand. »

« Waterloo ? » demanda le passant.

L'ancien soldat frappa sa canne sur le pavé.

« Waterloo, oui. Mais ce n'est pas là que les choses importantes se sont passées. »

« Comment cela ? »

« L'affiche que vous avez vue, monsieur, annonce un spectacle. Un spectacle historique. On remet en scène la bataille. »

Le passant fronça les sourcils.

« Remettre en scène Waterloo ? Pour quoi faire ? »

« Pour l'argent, sans doute, » dit le vieux soldat avec un sourire amer. « On joue les grandes choses pour les petites gens. On fait des pièces de théâtre avec les batailles. »

« Et vous y jouez ? »

L'homme fit un geste vague.

« J'y étais. Cela suffit. Mais regardez bien, monsieur. Le véritable Waterloo n'est pas sur cette affiche. Il est dans la terre. »

Il désigna le paysage qui s'étendait devant eux, les douces collines vertes, le ciel bleu, le calme renaissant des champs labourés.

« Il y a cinquante ans, cet endroit était un enfer. Maintenant, c'est un jardin. C'est ça, la vraie transformation. »

Le passant regarda autour de lui. Les maisons, les fermes, tout avait l'air paisible.

« On ne voit rien. »

« Exactement. On ne voit rien. C'est pour cela qu'il faut se méfier des batailles. Elles disparaissent vite. Ce qui reste, c'est le silence. »

Il s'arrêta près d'un petit chemin qui montait vers un bois.

« Moi, je cherche autre chose que des soldats en carton-pâte, » ajouta-t-il.

« Et que cherchez-vous ? »

L'ancien soldat hésita. Il regarda le passant avec une expression pénétrante.

« Je cherche les ombres, monsieur. Et vous, que cherchez-vous en ces lieux ? »

Le passant sourit.

« Je suis un homme de lettres. Je cherche des souvenirs. Je viens recueillir ce qui s'est passé ici. »

« Ah ! Vous êtes de ceux qui écrivent ! » dit le soldat. « Moi, je suis de ceux qui ont vécu. Il y a une différence. Les souvenirs des hommes sont plus vrais que les livres. »

« Pourtant, les livres aident à se souvenir, » insista le passant.

« Les livres aident à oublier, » répliqua le vieil homme. « Quand on écrit, on arrange les choses. On met un bel ordre dans le chaos. La bataille, monsieur, n'a pas d'ordre. C'est un coup de chance, un coup de vent. »

Il se remit en marche, s'enfonçant dans la direction de Mont-Saint-Jean. Le passant le suivit, fasciné par cette rencontre imprévue.

« Quel est votre nom, monsieur ? » demanda le passant.

« Un nom qui ne signifie plus rien, » répondit le vieux. « Un numéro effacé. On m'appelait jadis le Zouave. Maintenant, je suis le fantôme. »

Ils marchèrent ainsi jusqu'à l'approche d'un petit groupe de maisons isolées, où l'on voyait quelques baraquements grossiers destinés aux spectateurs de la reconstitution.

« C'est là que les comédiens s'installent, » dit le Zouave. « Moi, je vais plus loin. »

Il se tourna vers le passant, un éclair dans les yeux.

« Si vous voulez voir Waterloo, monsieur, ne regardez pas le champ de bataille quand on tire les canons. Regardez les hommes avant qu'ils n'aient reçu leur pain. Le vrai drame est là. »

Et sans attendre de réponse, le vieil homme s'enfonça dans les champs, disparaissant derrière un bouquet de hêtres, laissant le passant seul avec l'énigme de son étrange apparition.

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